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Vélo-voiture

Revendre sa voiture et circuler en vélo? Katia l'a fait. Avec, à la clé, un immense gain de temps et un bien-être accru.

Pour Katia, représentante en Belgique de Trocmaison.com, le début de l’aventure cycliste date des premières fermetures de tunnels à Bruxelles. “Bien sûr, quand j’étais ado, le vélo était mon moyen de déplacement favori”, se souvient cette quadra dynamique à la silhouette élancée. “Mais j’habitais à la campagne, et quand j’ai eu 18 ans, j’ai immédiatement passé mon permis, et j’ai rapidement acheté une voiture.”

L’embouteillage de trop

“Quand j’ai eu 20 ans et que je suis arrivée à Bruxelles, j’ai gardé la voiture”, poursuit-elle. “Rétrospectivement, je pense que je peux dire que j’étais accro: je prenais même la voiture pour aller faire des courses alors que le supermarché est à moins d’un kilomètre de chez moi."

Il y a deux ans, la circulation empire à Bruxelles, et Katia commence à en avoir assez des embouteillages. “Avec la fermeture du tunnel Montgomery, la circulation était devenue un enfer. Un matin, j’ai eu un déclic: je me suis rendu compte que je mettais près de 40 minutes pour parcourir 4 kilomètres, et je voyais des vélos qui me dépassaient allègrement. Je me suis dit que si ces cyclistes arrivaient à se déplacer à vélo même sous la pluie, je pouvais le faire aussi. Le lendemain, j’ai loué un Villo. J’ai mis à peine 10-15 minutes pour rejoindre le boulot.” Après quelques jours, Katia souscrit un abonnement Villo, puis s’achète un premier vélo d’occasion. “Le Villo, c’est bien, mais les vélos ne sont pas toujours en bon état. Et surtout, il n’y a pas toujours de vélo disponible à la station près de mon travail. Et quand il faut marcher jusqu’à la station suivante, c’est un peu démotivant.”

“Sevrage” automobile

De fil en aiguille, Katia finit par investir dans un meilleur vélo. Elle choisit toujours des vélos d’occasion, pour lesquels elle dépense en moyenne 250 euros. “La dépense reste raisonnable, et donne accès à un modèle solide et fiable, ce qui est important pour les trajets quotidiens.”

Mais elle ne se sépare pas encore de sa voiture. “C’est d’autant plus étonnant que je ne prenais plus aucun plaisir à rouler en voiture, puisque la ville était constamment embouteillée”, se souvient notre interlocutrice. “De plus, je savais qu’au retour j’allais devoir chercher une place pendant une demi-heure. À l’inverse, l’exercice physique que représente le vélo libère des endorphines. Ça crée une euphorie très agréable. C’est pour ça, d’ailleurs, que tant de cyclistes essaient de convertir leur entourage: ils ont envie de faire découvrir ce bonheur.”

Après presque deux ans de vélo, Katia finit par revendre sa voiture. “Il m’a fallu pas mal de temps avant d’y arriver. Je voulais aussi être sûre de mon coup, et notamment savoir si je tiendrais le coup en hiver. Mais en fait, les intempéries ne sont pas si dérangeantes que ça. Avec une bonne veste imperméable et un pantalon qui recouvre aussi les chaussures, j’arrive à destination parfaitement sèche même quand il pleut des seaux.”

Le déclic final a été l’arrivée de la facture de renouvellement de l’assurance RC de la voiture. “Quand j’ai vu ce papier qui m’invitait à payer 350 euros pour un trimestre, je me suis dit: pourquoi est-ce que je dépense encore tout cet argent? Avec mon budget assurances annuel, je pourrais me payer un nouveau vélo et des vacances chaque année! Après, je ne vous cache pas que quand j’ai créé l’annonce en ligne pour vendre la voiture, j’ai eu un fameux pincement au cœur. Mais je ne regrette pas une seconde de l’avoir fait.”

La ville au quotidien

Katia, qui roule en ville chaque jour, souligne que son expérience d'automobiliste l’aide à adopter un comportement plus pro-actif sur la route. “J’ai roulé en voiture, et donc je sais qu’on voit moins bien quand il pleut, par exemple. Du coup, en cas d’intempérie, je mets un gilet fluo et j’allume des petits clignotants sur mon vélo”, remarque-t-elle. “C’est aussi plus facile pour moi d’anticiper ce que va faire un automobiliste: je sais ce que je ferais dans la même situation que lui. Ça m’aide vraiment beaucoup à rouler en sécurité. Cela dit, je trouve qu’il y a encore beaucoup de progrès à faire pour partager la route. J’ai l’impression que beaucoup d’automobilistes considèrent les cyclistes comme des intrus sur la route. Du coup, ils sont parfois très agressifs: ils ne respectent pas la distance de sécurité quand ils me dépassent, et ils s’énervent quand ils ne peuvent pas dépasser.

Un autre problème est le manque de pistes cyclables sécurisées: certains grands axes sont vraiment dangereux à vélo. Cela dit, la ville a fait beaucoup d’efforts ces dernières années.”

Cycliste et militante

Après un an de pratique cycliste, notre interlocutrice suit une formation sur la conduite  dans le trafic organisée par le Gracq, une association francophones de cyclistes. “Cet après-midi de conduite en ville m’a appris pas mal de chose. J’ai discuté avec le formateur après le cours, et j’ai décidé de devenir membre. Je me suis peu à peu investie, et je gère aujourd’hui la page Facebook de la section schaerbeekoise du Gracq. Faire du vélo m’a aussi sensibilisée à la question de la pollution urbaine et je milite aujourd’hui au sein d’organisations qui font pression sur le gouvernement pour améliorer la qualité de l’air. “Et ne croyez pas que c’est une lubie de cycliste: plusieurs études ont démontré que sur les artères les plus polluées, la concentration en particules fines est jusqu’à 5 fois plus élevée…. dans l’habitacle d’une voiture!”

Les avantages du vélo?

En guise de conclusion, Katia tenait à énumérer les avantages que représente pour elle le vélo au quotidien:

  1. En vélo, rien ne vous arrête, vous vous faufilez dans le trafic et ça donne vraiment une sensation de liberté.
  2. C’est le moyen de transport le plus rapide en ville.
  3. Plus besoin d’aller à la salle de sport, vous avez votre ration quotidienne d’exercice physique. En outre, c’est excellent pour la circulation sanguine, surtout dans les jambes.
  4. La concentration lorsque vous roulez à vélo vous permet de “déconnecter” du quotidien. “Et ça détresse fameusement”, ajoute-t-elle
  5. Vous vous reconnectez avec ce qui vous entoure: les bruits de la ville, le chant des oiseaux, l’odeur d’une boulangerie ou d’un restaurant quand vous passez à côté…