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Essence
Depuis janvier 2017, vous ne trouvez plus de Super 95 dans les pompes à essence de Belgique. Sa remplaçante: la "E10", une essence contenant 10 % de bioéthanol.

Ce nouveau carburant E10 contient 10 % d'énergies renouvelables, contre 4 % pour la Super 95 à l'heure actuelle. L'objectif est d'avoir un secteur des transports plus "vert" et notre pays s'est mis ainsi en conformité avec les objectifs européens. Dans les questions-réponses ci-dessous (*), vous trouverez tout ce que vous devez savoir sur ce changement et ses conséquences. Celles-ci concernent d'ailleurs seulement une minorité de véhicules (datant souvent d'avant 2000), un bon nombre de deux-roues motorisés ou des engins divers (tondeuses à gazon...). Ceux-là ont dû passer à la super 98, comme nous l'expliquons dans la question 3 et la question 4.

  1. Qu'est-ce que l'essence 95 E10?
  2. Pourquoi remplacer l’essence 95 par la 95 E10?
  3. Suis-je concerné par l'essence 95 E10?
  4. Et si ma voiture n'est pas compatible?
  5. Plus chère la 95 E10?
  6. La 95 E10 cause-t-elle une perte de puissance?
  7. Comment reconnaître la 95 E10 à la pompe?
  8. Pourquoi pas plus de 10 % de bioéthanol dans l’essence en Belgique?
  9. D'où vient le bioéthanol contenu dans la 95 E10?
  10. Y a-t-il suffisamment d’unités de production de bioéthanol en Belgique?
  11. En produisant du bioéthanol, prive-t-on certaines populations de denrées alimentaires?

1. Qu'est-ce que l'essence 95 E10?
L’essence 95 E10 n’est pas révolutionnaire en soi: depuis 2009, le bioéthanol est déjà présent dans les essences 95 et 98, à concurrence de 4 % minimum (obligation définie par la loi) et de 5 % maximum (norme du produit). La 95 E10 en contient donc le double.

2. Pourquoi remplacer l’essence 95 par la 95 E10?
La Belgique faisant partie de l’Union européenne, elle se doit de respecter les directives visant à augmenter la part d’énergies renouvelables dans le transport et à réduire les émissions de CO2 des véhicules. À l’horizon 2020, chaque pays doit d’atteindre un objectif de 10 % d’énergies renouvelables dans le transport. L’introduction de l’essence 95 E10 sur le marché belge est donc un des moyens utilisés pour y parvenir.

D’autres pays européens proposent l’essence 95 E10 depuis plusieurs années, comme la France, les Pays-Bas ou l'Allemagne. La différence avec la Belgique c'est que, chez nous, ce ne s'est pas fait de manière progressive mais en une seule phase, dès le 1er janvier 2017. Ce passage vers l’essence 95 E10 décidé par les autorités fédérales vise un triple objectif:

  • atteindre 10 % d’énergies renouvelables dans le transport à l’horizon 2020;
  • diminuer la dépendance aux énergies fossiles;
  • contribuer à la diminution des émissions de gaz à effet de serre par le transport.

3. Suis-je concerné par l'essence 95 E10?
La 95 E10 est un carburant de type essence. Si votre véhicule roule à l’essence, vous êtes donc concerné. Si votre voiture a été construite après l'an 2000, il est fort probable que vous ne deviez rien faire puisque 98 % des véhicules acceptent ce type de carburant sans aucun problème. Et les "2 %" restants? Ce sont les voitures datant d'avant 2000 et quelques modèles spécifiques fabriqués après cette date, soit par leur système d'injection spécifique, soit parce qu'il s'agit de voitures super sportives. Ici vous pouvez vérifier la compatibilité de votre véhicule. Cette plateforme générale regroupe les informations de la Febiac (constructeurs automobiles) et des membres de la Fédération Pétrolière de Belgique.

Notez encore que bon nombre de deux roues motorisés et plus encore les machines de bricolage et de jardinage ne sont pas compatibles avec cette essence 95 E10. Renseignez-vous auprès du revendeur et, dans le doute, utilisez de l'essence 98.

4. Et si ma voiture n'est pas compatible?
Une seule solution, passer à l'essence 98. Le prix à la pompe sera un peu plus élevé mais cela permettra au moteur de fonctionner parfaitement. Et si vous utilisez quand même de la E10? Sans doute qu'un plein ne causera pas de dommage immédiat mais ce mélange d'essence et de bioéthanol peut entraîner des dommages (corrosion) à moyen et long terme, notamment aux systèmes d'injection.

5. Plus chère la 95 E10?
Par rapport à l'essence 95 "classique", il y aura une petite augmentation de l'ordre d'un à deux centimes d'euro. Pour un plein de 50 litres, cela représente un surplus de maximum un euro. Chez nos voisins, en France notamment, l'essence E10 est légèrement moins chère que la 95 "classique" qui continue à y être vendue (contrairement à chez nous). Ceci est une question d'accises, l'État désirant taxer moins ce carburant plus écolo.

6. La 95 E10 cause-t-elle une perte de puissance?
Il n’y a quasiment pas de différence de performance pour votre voiture si vous utilisez de la 95 E10, tout au plus une légère surconsommation (de 1 à 2 %), qui est en pratique difficilement décelable. Rien de comparable en tout cas avec d’autres facteurs influençant la consommation, tels que le mode de conduite, des pneus sous-gonflés ou une galerie de toit.

7. Comment reconnaître la 95 E10 à la pompe?
Toutes les pompes distribuant de l’essence 95 E10 seront équipées d’autocollants verts marqués: "Essence 95 E10" et "NBN EN 228". Il est possible que certaines stations-service ajoutent également une signalisation particulière, sur le pistolet par exemple.

8. Pourquoi pas plus de 10 % de bioéthanol dans l’essence en Belgique?
Les normes européennes fixent à 10 % la proportion maximale de bioéthanol pouvant être mélangée à de l’essence. Au-delà de 10 %, les moteurs des véhicules ne sont plus adaptés. Les autorités européennes planchent aujourd'hui sur de possibles augmentations de bioéthanol allant jusque 20 ou 25 %. Les automobiles actuelles (roulant à l'essence) ne sont pour la plupart pas adaptées à ce mélange. Les constructeurs automobiles travaillent également sur ces probables modifications. Selon les sources recueillies, rien de tout cela n'arrivera avant 2025 au moins.

9. D'où vient le bioéthanol contenu dans la 95 E10?
Le bioéthanol servant aux carburants est majoritairement produit à partir de l’amidon et de la cellulose de maïs, de l'amidon des céréales et du sucre des betteraves. Les matières résiduelles de la fabrication de l’éthanol ne sont pas perdues: elles servent entre autres à l'alimentation animale. Ailleurs dans le monde, le bioéthanol est également produit à partir d’autres cultures végétales, par exemple le maïs et la canne à sucre.

De nouveaux processus de fabrication se développent, qui utilisent d’autres matières premières comme les déchets de biomasse. Ce sont les biocarburants de deuxième génération, qui ne font pas faire appel aux cultures de type alimentaire.

Le bioéthanol a une empreinte carbone inférieure à celle de l’essence fossile. La directive européenne impose actuellement une réduction de 35 % minimum des émissions de gaz à effet de serre par rapport aux combustibles fossiles. Ce minimum passera à 50 % dès 2018. Bon nombre de producteurs belges et européens de bioéthanol atteignent déjà ce seuil de 50 %.

10. Y a-t-il suffisamment d’unités de production de bioéthanol en Belgique?

Les unités de production actuelles installées en Belgique (Gand et Alost en Flandre, Wanze en Wallonie qui produit un peu plus de la moitié de la production nationale) disposent d’une capacité totale de l’ordre de 500 millions de litres par an, ce qui est largement suffisant pour répondre à nos besoins qui s’élèvent à environ 160 millions de litres par an. Cela dit, le marché du bioéthanol est libre. Cela signifie donc que le bioéthanol destiné à l’essence 95 E10 peut tout aussi bien être produit en Belgique qu’être importé d’un autre pays.

11. En produisant du bioéthanol, prive-t-on certaines populations de denrées alimentaires? Cela va-t-il générer une spéculation sur les matières premières?
L’utilisation de terres agricoles pour produire des biocarburants plutôt que des matières premières alimentaires est un risque potentiel. Depuis 2015, la directive européenne sur les biocarburants reconnaît cette situation. C’est pourquoi, courant 2017, la part des biocarburants issus de matières premières alimentaires (biocarburants de première génération) sera limitée. De plus en plus de recherches sont menées pour trouver d’autres matières premières pouvant servir à la fabrication durable de biocarburants, comme l’utilisation de déchets de biomasse par exemple (voir question 9). De ce fait, le risque d’une spéculation est très limité.

(*)Nous avons pu récolter ces informations auprès de la Fédération Pétrolière Belge et de son secrétaire général adjoint, Jean-Pierre Van Dijk, ainsi que Hendrik Lemahieu, secrétaire général de la Fédération Belge pour le Bioéthanol.